Territoire

L’aire retenue par ce projet de conservation couvre la partie ouest de la chaîne de montagne des monts Chic-Chocs située au nord-ouest de la péninsule gaspésienne. L’ensemble du territoire de l’aire protégée proposée s’étend sur près de 400 km2 et il est entièrement compris dans la réserve faunique de Matane. L’aire protégée proposée des monts Chic-Chocs comprend environ le tiers de la réserve, laquelle est de tenure publique.

Le contour du territoire a quelque peu évolué au fil des ans et ce afin d’intégrer des éléments importants de la biodiversité et de considérer les besoins des industries forestière, minière et acéricole. 

Administrativement, l’aire considérée est presque entièrement située dans la région du Bas-Saint-Laurent, en territoire non organisé de la Rivière-Bonjour géré par la MRC de la Matanie; moins de 1 % de la superficie se situe en Gaspésie, soit dans le territoire de la municipalité de Les Méchins et du TNO de la Coulée-des-Adolphes.

D’un point de vue de la conservation, l’aire proposée contribuerait à protéger 0,02 % de la superficie du Québec. Toutes catégories confondues, ce serait tout de même l’aire protégée la plus étendue du Bas-Saint-Laurent. Actuellement, la région du Bas-Saint-Laurent ne compte aucune réserve de biodiversité et le pourcentage de superficie protégée n’est que de 4,7 %.

À l’échelle du paysage, le milieu se présente avec un fort relief. Ce massif montagneux des Chic-Chocs s’intègre à plus grande échelle aux monts Notre-Dame lesquels s’associent à la chaîne des Appalaches. Le massif est entrecoupé naturellement par la présence de trois vallées, soit d’ouest en est, celles des rivières Duvivier, Matane et Cap-Chat. L’aire protégée proposée des monts Chic-Chocs protègerait les parties sensibles des systèmes hydriques que sont les têtes des bassins versants des rivières Matane, Cap-Chat et Cascapédia. Ces systèmes touchent des zones à 100 m en altitude au pied des montagnes, soit à l’étage inférieure de  l'aire protégée proposée des monts Chic-Chocs, allant jusqu’à plus de 1000 m en certains sommets. Le relief tend à s’accentuer d’ouest en est.

Au niveau géologique, une faille de chevauchement entoure tout le massif  montagneux. La formation des Appalaches remonte à plus de 150 millions d’années (de 450 à 290 millions d’années avant aujourd’hui). L’assise géologique est principalement composée de roches sédimentaires (grès, calcaire, mudrock et schiste) ou volcaniques (basalte) fortement plissées et déformées. Dans les pentes ou au sommet des montagnes, le dépôt de surface est constitué de roche en place ou de dépôts d’altération et de till. De leur part, les vallées encaissées sont couvertes de dépôts mis en place par gravité ou par des processus fluvioglaciaires et fluviatiles. La végétation a regarni ces surfaces terrestres dynamiques depuis la dernière glaciation survenue il y a quinze mille ans.

L’ensoleillement, le climat, le relief, les dépôts de surface, la nature du sol, le drainage et les interventions humains ont participé à la création de divers habitats caractérisés par des communautés floristiques et fauniques à la fois distinctes et imbriquées.

L’aire protégée proposée des monts Chic-Chocs se divise en trois principales entités appelées districts écologiques (voir la section sur la biodiversité) et la distinction entre celles-ci se manifeste au niveau du paysage.

Une première entité écologique (district nº 110F001) se situe à l’ouest de la vallée du lac Matane. En cette entité, les monts de l’Ouest (922 m) et Valcourt (824 m) constituent alors les seuls massifs atteignant plus de 800 m en altitude. Dans ce tronçon des Chic-Chocs, les flancs des montagnes sont plus escarpés au sud qu’au nord alors que la situation s’inverse dans les sections plus à l’est (figure 1). En cette entité ou une autre de l’aire protégée proposée des monts Chic-Chocs, ces pentes fortes ont contribué à la préservation du caractère naturel de l’environnement et du paysage.

À l’extrémité est de cette entité, la rivière Matane passe par un chapelet de lacs au fond d’une vallée glacière. Le point de vue au barrage du lac Matane permet d’apprécier la splendeur de ce plan d’eau encaissé entre deux massifs. Passé le barrage de ce lac, le cours de la Matane bifurque vers le sud-ouest tout en longeant le versant sud des monts Chic-Chocs. Un peu plus de 7 km en aval, un tributaire de la Matane, la rivière Duvivier scinde à nouveau la chaîne de montagne dans l’axe nord-sud tout comme la Matane et la Cap-Chat. Il importe de souligner qu’au nord de cette entité écologique (Mont Albert nº 110F001), l’aire retenue couvre aussi une partie du district nommé Les Collines du lac Duvivier (nº 73G002). Ce dernier est la seule entité à faire partie d’une toute autre zone de végétation, soit celle du domaine bioclimatique de la sapinière à bouleau jaune. Ce secteur de l’environnement immédiat des monts Chic-Chocs a été intégré à l’aire protégée proposée des monts Chic-Chocs afin de préserver des éléments sensibles de la biodiversité.

La partie centrale de l’aire d’étude est bordée à l’ouest par la vallée du lac Matane et à l’est par celle de la rivière Cap-Chat. La topographie de cette entité écologique (district  nº 110F002) y est ponctuée par une vingtaine de sommets ou de plateaux dépassant les 800 m. Les monts Pointu (930 m), Blanc (1065 m) et Nicol-Albert (890 m) se démarquent plus particulièrement au niveau du paysage. La chaîne des monts Chic-Chocs s’élargit progressivement passant de ~ 6 km au niveau de la vallée du lac Matane pour atteindre ~10 km en largeur au niveau de la vallée de la rivière Cap-Chat. Le nord de cette section centrale est en partie adjacent à la ZEC Cap-Chat.

De la vallée de la rivière Cap-Chat à la limite est du territoire concerné, la plate-forme des Appalaches se manifeste avec plus de vigueur, la topographie de cette dernière section (district écologique nº 110F003) y est ponctuée par une vingtaine de sommets et plateaux atteignant plus de 800 m. En suivant la route de la vallée de la rivière Cap-Chat, les personnes familières avec le paysage peuvent distinguer les monts Fortin (1020 m) à l’est du mont Logan (parc national de la Gaspésie), Matawees (1073 m), Collins (1036 m) et Coleman (980 m).

En portant une attention particulière, on peut remarquer une dépression entre le Collins et le Coleman et c’est tout au fond de ce gouffre que siègent les lacs Bardey et Coleman. C’est dans cette partie du territoire que l’on retrouve l’Auberge de montagne des Chic-Chocs de même que la zone récréative y étant associée. L’aire protégée proposée des monts Chic-Chocs est bordée au nord-est par la réserve écologique Fernald, par une érablière exploitée de même qu’à l’est, par le parc national de la Gaspésie.

De tout temps, le territoire est demeuré passablement naturel ou sauvage en ce sens qu’il demeure éloigné des milieux urbanisés ou agricoles de même que de l’industrie minière, gazière ou éolienne. Il n’en demeure pas moins que la présence humaine se fait sentir dans cette aire du territoire non organisé de la Rivière-Bonjour.

À ce niveau, la SÉPAQ gère la réserve faunique de Matane et l’Auberge de Montagne des Chic-Chocs. Cette dernière auberge et quelques chalets sont offerts aux visiteurs, notamment aux lacs Matane et Duvivier. Des activités récréotouristiques, de villégiature et de récolte se pratiquent sur le territoire dont la chasse, le piégeage d’animaux à fourrure, la pêche, la cueillette de champignons et de fruits de même que l’observation de la faune et de la flore. À cela, s’ajoute la glisse et le ski de fond hors-piste ainsi que la randonnée pédestre. À ce chapitre, le Sentier International des Appalaches traverse la chaîne de montagne de l’aire protégée proposée des monts Chic-Chocs sur quelque 100 km.

Au nord de la section centrale section, une entreprise de plein air, Vertigo-Aventures, offre une destination de glisse hors-piste aux monts Blanc, Craggy et Pointu. De son côté, Eskamer Aventure propose des activités de canyoning le long des magnifiques cascades du ruisseau Beaulieu s’écoulant sur le flanc est du Nicol-Albert.

Au niveau des ressources, la forêt est en grande partie sous aménagement et toute l’aire est dans l’unité d’aménagement 1254. Le réseau de chemins forestiers s’est historiquement développé en fonction des besoins de l’industrie forestière; les artères principales se sont tracées jadis pendant les concessions forestières accordées aux compagnies Hammermill (avant 1962) et Price (avant 1969). En raison des contraintes que cela impose, les travaux forestiers y ont presque toujours été limités dans les pentes fortes (de plus de 40 % d’inclinaison; figure 1) et sur les sommets ou les plateaux entourés par de fortes dénivellation. C’est d’ailleurs pour cette raison que de bonnes superficies de forêts anciennes recouvrent le territoire.

À la suite d’une consultation publique dirigée par la Conférence régionale des élu(e)s en 2013 (organisme aboli en 2014 par le gouvernement en place), une partie du territoire de l’aire protégée proposée des monts Chic-Chocs a été temporairement soustraite de l’exploitation forestière.

Figure 1. Catégories de pente exprimée en pourcentage (%) dans un segment de l’aire protégée entre les environs du lac Duvivier et du lac Matane, soit dans l’ouest de l’aire protégée proposée des monts Chic-Chocs. Extrait de l’Infrastructure Géomatique Ouverte, I. G. O. – données écoforestières, Gouvernement du Québec; 

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Le territoire concerné est vraisemblablement libre de tout titre minier (I. G. O.). Par contre, il est couvert par des titres gaziers.

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Figure 2. Perturbations naturelles et anthropiques résultant des interventions forestières de 2010 à 2015 dans le même secteur qu’à la figure 1.